Voici une "grappe" de questions de la part d'un lecteur au sujet de la libération de l'ego, et une tentative de réponse:
"Bonjour. J'ai lu beaucoup d'article sur la libération de l'égo, libération du mental, sur l'importance de vivre le moment présent. Je m'intéresse à ces sujets car je souhaite développer ma confiance en moi. Cependant depuis que j'ai lu Le Moment Présent de Eckhart Tolle, je me sens perplexe, perdue, vidée car l'idée d'avoir à se libérer de son ego ne m'enchante pas dans le sens ou j'ai l'impression que l'on serait des êtres vides ou que les choses extérieures et les personnes, n'étant pas importants, ne nous satisferont pas. Peut-être que je n'ai pas compris. Mais tous ces textes me font comprendre que la vraie joie provient de nous-même, donc cela voudrait dire que l'on aurait rien à faire d'un point de vue extérieur à no us, ce qui réduirait nos vies à quoi puisque l'action serait inutile. Chaque fois que j'ai des projets ou des désirs je me sens frustré car j'ai le sentiment que cela ne sert à rien de désirer les choses. Je perds mes repères car je ne peux pas imaginer ne pas avoir d'identité (ne pas exister). Je devrais me réjouir de savoir qu'il y a une libération possible à nos malheurs mais c'est le contraire. Est-ce que mon sentiment de désenchantement et de non-réjouissance est normal? Merci".
Il existe plusieurs approches différentes au sujet de la « libération de l’ego », et je répondrais ici selon l’approche non-duelle du Cours en miracles. Dans cette voie, le sens donné à l’égo diffère de celui donné en psychologie classique. En l’occurrence, l’ego est une idée de séparation d’avec la source, nous « offrant » un sentiment d’existence autonome temporel et temporaire. Mais il s’agit d’une croyance erronée produit par la peur et qui en effet représente la source de nos malheurs. L’ego est une idée folle que nous avons prise au serIeux. Quand vous vous dites « j’ai l’impression que.. », demandez-vous qui pose cette question ? Est-ce vraiment qui vous êtes ou est-ce l’ego qui prêche pour sa paroisse ?
Nous sommes très attachés à notre ego car c’est « tout ce que nous semblons posséder », une minuscule parcelle de vie « arrachée à Dieu ». Comme l’ego veut se préserver, se croyant réel, il cultive en nous cette autre croyance selon laquelle sa disparation signe la fin de notre existence. Au fond, nous sommes terrorisés de sombrer dans le néant, le vide, de ne plus « être ». Toutes nos perceptions sont filtrées par cet identification à l’ego, cette croyance d’être une personne avec un corps, un nom et une identité sociale. Donc tout nous ramène, dans nos perceptions à conforter cette idée de séparation, car nous décidons de croire en ce que nous montre nos sens.
Toutefois, nous sommes capables d’envisager de nouvelles idées à notre sujet, de remettre en cause l’idée de la séparation au profit de l’idée d’unité. Cela montre que l’ego semble accepter l’idée qu’un retour à la source est nécessaire, mais seulement dans la mesure où il peut facilement faire paraitre ce retour très difficile, long et compliqué. Pour cette raison, il est habituel qu’à la suite d’une période euphorique sur le plan spirituel, le désenchantement et le découragement prennent la place. La résistance de l’ego est fréquemment sous-estimée et cela a été largement décrit dans de nombreux autres articles. Or, nous ne pouvons en être libéré qu’en l’écartant complètement, ce qui nécessite un désir soutenu d’être guidé et de la patience. C’est le saut de la foi.
La seule manière de connaitre la vie hors de l’ego et la plénitude de l’unité, c’est de l’expérimenter ! On peut parler des heures à propos de la nature, l’origine, la texture et la composition du chocolat, mais cela restera une connaissance virtuelle tant que nous ne l’aurons pas goûté. Notre ego nous hurle que si nous retirons tout crédit à son sujet, c’est la mort et le néant qui nous attendent. , il faut donc faire confiance au guide qui est en nous (le St-Esprit dans la terminologie du Cours). Ce guide, si nous décidons de demander son aide, enlèvera progressivement toutes nos peurs. Ainsi, notre vision changera et nous serons prêts à vivre dans l’unité du ciel, parce que nous saurons que c’est la vérité. Nous serons plutôt prêts à la connaitre de nouveau car elle n’a jamais cessée.
La voie du Cours ne vous demande pas de renoncer à nos désirs et à nos projets. Bien qu’ils ne soient pas intrinsèquement utiles à votre existence réelle, ils sont réinterprétés par le St-Esprit, à travers les actions qui en découlent, pour devenir une école du rappel de Soi. Ne vous sentez pas coupable de désirer des choses, seul le plan de Dieu en connait l’utilité réelle pour vous . A travers la pratique du Pardon authentique (voir articles à ce sujet), les situations de notre vie nous permettent d’alléger chaque jour notre ego. Il est donc vain de fuir la vie que nous désirons vivre. Mais en effet « il n’y a rien à faire », juste à accepter le déroulement du script sans le juger, être un simple témoins. Comme le dit le Cours : « Ne cherches pas à changer le monde, mais choisis de changer ton esprit au sujet du monde ».
En ce qui concerne E.Tollé, le « pouvoir du moment présent » est un excellent livre. Toutefois, selon la voie du Cours, la focalisation sur le moment présent n’est pas suffisant pour se libérer de l’ego, voir pour mémoire cet article. Par ailleurs, vous trouverez dans l’article suivant ( "La peur de perdre son individualité par l'union avec Dieu" ) deux réponses de Ken Wapnick à des questions similaires aux vôtres. Espérant que cela puisse vous éclairer au moins en partie. Bon courage et n’abandonnez pas, car le St-Esprit, lui, ne renoncera jamais à nous aider.
Christalain – Novembre 2011