En septembre 1968, trois ans et neuf cent quarante pages après avoir commencé à prendre en note ce que la Voix dictait, Helen entendit et transcrivit ceci :

« En heureuse bienvenue, j'ai la main tendue vers chaque frère qui voudrait se joindre à moi afin d'aller au-delà de la tentation, et dont le regard se porte avec une fixe détermination vers la lumière qui luit au-delà avec une parfaite constance. Donne-moi les miens, car ils T'appartiennent. Pourrais-Tu échouer en ce qui n'est que Ta Volonté? Je Te rends grâce de ce que sont mes frères. Au fur et à mesure que chacun choisit de se joindre à moi, le chant de grâce qui monte de la terre vers le Ciel grandit de petites bribes éparses de mélodie en un seul choeur qui embrasse toutes choses d'un monde rédimé de l'enfer, et Te rend grâce.

Et maintenant nous disons : Amen. Car le Christ est venu habiter dans la demeure que Tu as établie pour Lui avant que le temps fût, dans la calme éternité. Le voyage s'achève et prend fin à l'endroit où il a commencé. Il n'en reste plus trace. Aucune foi n'est accordée à aucune illusion, et pas une tache de ténèbres ne reste encore pour cacher à quiconque la face du Christ. Ta Volonté est faite, complète et parfaitement, et toute la création Te reconnaît et Te connaît comme la seule Source qu'elle ait. Pareille à toi par sa clarté, la lumière rayonne de tout ce qui vit et se meut en Toi. Car nous sommes rendus là où nous tous ne faisons qu'un, et nous sommes chez nous, où Tu veux que nous soyons. »

Helen déposa le carnet, décrocha le téléphone dans sa chambre à coucher et composa le numéro. Avec calme et révérence, elle dit : « Bill, Un cours en miracles est terminé ».

Bien entendu, Helen ne savait pas qu’elle se trompait quand elle disait à Bill qu’elle avait fini de recevoir le Cours, car ni elle ni Bill n’avait encore la moindre idée de ce qu’était vraiment Un cours en miracles. Bill, qui lisait avec avidité tout ce qu’il pouvait trouver sur le mysticisme et la métaphysique, savait qu’il avait entre les mains un document spirituel très proche des enseignements non dualistes de la Véda hindouiste, et que la profondeur de la Véda était certes comparable à la profondeur évidente du Cours. Il avait compris que les principes fondamentaux de l’un et de l’autre avaient de nombreuses similitudes, et que la principale différence entre les deux était que le Cours formulait ces vérités philosophiques éternelles dans un langage chrétien avec une application psychologique qui semblait s’adresser expressément à un public contemporain.

Il savait aussi que les quelque neuf cent cinquante pages dactylographiées qu’ils avaient accumulées contenaient la réponse à la question qu’il avait posée presque trois ans auparavant, à savoir s’il y avait une meilleure façon de vivre dans l’univers. Le Cours, il le savait, était sa réponse, et bien qu’il eût de la difficulté à s’expliquer ce qui était arrivé, il était convaincu que c’était arrivé parce que deux personnes s’étaient liées par un engagement conscient en vue d’un but commun. Et dans cette union où il n’entrait aucun jugement, quelque chose de miraculeux s’était produit.

De plus, le Cours s’était avéré un outil très pratique pour lui. Ses relations professionnelles  avaient certes changé et s’étaient pacifiées. Les relations personnelles qui lui causaient le plus de difficulté étaient aussi devenues plus satisfaisantes. Seules sa relation avec Helen était une  déception, car même s’il pensait vouloir que la relation soit plus paisible, il avait jusque-là été incapable de laisser la paix s’installer.

Robert SKUTCH – Extrait de « Une brève histoire d’Un Cours en Miracles ».